DOCUMENT LCI - Avec les soldats ukrainiens sur la "Ligne zéro" près de Kreminna, au plus près des positions russes

par La rédaction de TF1info | Reportage : Solenn Riou, Gabriel Haurillon et Eugène Lvovsky
Publié le 18 mars 2024 à 15h03, mis à jour le 18 mars 2024 à 15h14

Source : TF1 Info

Une équipe de LCI a pu passer quelques heures avec des soldats ukrainiens sur le front près de Kreminna.
Depuis les tranchées, les forces russes sont en vue, toutes proches.
Ces positions sont parmi les plus dangereuses de tout le front oriental, et régulièrement bombardées.

Direction la "Ligne zéro", sur le front de Kreminna, près de la ville éponyme près de Lougansk, désormais occupée. Exceptionnellement, les hommes de la 1ʳᵉ Brigade présidentielle ukrainienne ont autorisé une équipe de LCI à les suivre, jusqu'aux tranchées du front le plus exposé aux frappes russes.

Il est 4h du matin dans la forêt de Kreminna, que notre équipe traverse à bord d'un blindé de transport de troupes, comme on le voit dans le reportage vidéo en tête de cet article. Le conducteur n'a qu'un impératif : rester invisible aux yeux de l'ennemi. "On s’est fait choper plusieurs fois par des drones FPV", raconte celui qui se fait appeler Greffier. "Ce qui fait très peur, c’est quand tu roules et que tu ne sais pas d’où ça peut tomber… Et que finalement, ça tombe sur toi", explique-t-il sans quitter la route des yeux.

"Ligne zéro"

À peine sortis du véhicule, nous partons pour la "Ligne zéro", la plus proche des positions russes, et la plus exposée. "Ce sont bien nos drones, au-dessus ?", s'assure le fantassin Vadym, inquiet. Sous des tirs nourris, notre équipe parvient à des tranchées reprises aux Russes. 

Papy, de son nom de guerre, évalue à 80% le risque de se faire toucher par le feu ennemi. "Ça vous fait quoi de penser qu’un sniper peut vous tirer dessus ?", lui demande-t-on. Cet autre fantassin de la 1ʳᵉ brigade présidentielle a un sourire gêné pour répondre : "Si je pensais à tout ça, je ne serais certainement pas venu ici, à 58 ans, pour défendre l’Ukraine".

Leurs tranchées sont à 250 mètres environ. On les surveille, et s’ils s’approchent, on commence à tirer
Papy, fantassin de la 1ʳᵉ Brigade présidentielle ukrainienne

Ces soldats tiennent les positions les plus avancées du front de Kreminna, et les plus dangereuses, comme LCI l'avait déjà constaté il y a quelques mois. "D’ici, on peut voir les Russes", nous montre Papy par la petite fente de son abri, "leurs tranchées sont à 250 mètres environ. On les surveille, et s’ils s’approchent, on commence à tirer". 

Si lui approche de la soixantaine, les hommes envoyés ici sont souvent très jeunes, comme "Moustique", qui à 23 ans est déjà habitué à la violence du front. "La première fois que j’ai tué quelqu’un, j’ai tremblé pendant quatre heures après coup, j'ai ressenti une telle extase, mais maintenant, je ne ressens plus rien”. Ce qui le choque le plus, c'est le sort que réservent les Russes à leurs propres soldats. "Ils traitent leurs hommes comme des animaux, ils ne retirent pas leurs corps, et ils achèvent même leurs propres blessés", assure-t-il au micro de LCI.

Le jour s’est levé, rendant la position plus vulnérable aux tirs russes, et Vadym presse notre équipe de repartir. "Ce que vous entendez, ce sont les tirs russes sur cette position", explique-t-il, "de jour, on est beaucoup plus repérable que de nuit, notamment par les drones, donc là, il faut vraiment se dépêcher pour retourner à la voiture". Lorsque le bourdonnement des drones se rapproche, il faut se cacher sous le couvert des arbres. Une fois la menace passée, rejoindre le blindé et respirer enfin, en laissant derrière soi l'un des points les plus chauds du front.


La rédaction de TF1info | Reportage : Solenn Riou, Gabriel Haurillon et Eugène Lvovsky

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